Loïc Nottet est bien élevé. On arrive à peine qu'il remercie plusieurs fois de notre venue, comme si on lui faisait une faveur. Il montre les boissons devant lui : "Prenez celle que vous voulez !" Même celle qu'il s'apprêtait à savourer. Plusieurs essais lui sont nécessaires avant de réussir à ne plus vouvoyer son interlocuteur, dont il complimente la tenue. Un autre signe que le succès ne lui est pas monté à la tête. Finaliste de The Voice en Belgique en 2014, 4e à l'Eurovision en 2015 et grand gagnant de Danse avec les stars en 2015, il présente son premier single "officiel", Million Eyes, qui cumule déjà plusieurs millions d'écoutes en ligne. Tout ça du haut de ses 20 ans.
Des paroles fortes, fédératrices (sur le rejet, le jugement), des nappes électroniques vaporeuses, un piano douloureux et un chant puissant. Avec ce titre ambitieux, Loïc Nottet montre qu'il veut compter. Il a presque fait tout seul son premier album, qui sortira au printemps.
Dans Million Eyes, Loïc Nottet chante la difficulté à se construire et suivre ses passions face au jugement des autres. Une situation qu'il n'a que trop vécue. Enfant, sa mère l'inscrit en secret à des cours de danse. En parallèle, il continue à fréquenter un club de football, pour faire plaisir à son père.
Je ne suis jamais rentré dans les cases ‘normales’, si tant est que la normalité existe
Loïc Nottet
"Je connais ça. Je ne suis jamais rentré dans les cases ‘normales’, si tant est que la normalité existe. Quand j’étais petit, je préférais la danse au foot, raconte le chanteur, tout de noir vêtu, à RTL2.fr. Ça n’a pas toujours été bien compris dans les vestiaires. La danse, c’était pour les filles, et si tu en faisais, t’étais une lopette. Des termes comme ça m’ont un peu brusqué quand j’étais plus jeune. J’avais envie de parler de ça, parce que j’ai l’impression qu’il y a encore beaucoup de gens qui souffrent de ça, surtout des adolescents."
Loïc Nottet veut faire de la musique qui a du sens. "J’ai envie de raconter une histoire. J’écris la scénographie comme un film. J’essaie qu’il y aie des liens entre chaque chanson. Qu’il y aie une morale, des péripéties, des méchants." Mais il le promet : sur scène, ses concerts ne se transformeront pas en comédie musicale.
Loïc Nottet a l'ambition douce des besogneux passionnés. "J’ai vraiment envie d’essayer d’être un artiste avec un grand A, et pas être juste un artiste de passage qui n’a rien à dire, qui fait 2-3 vibes, vend peut-être beaucoup de single la première semaine mais dont on n’entend plus parler au bout de 2-3 ans, avoue le jeune chanteur à RTL2.fr. Je pense que pour ça, il faut prendre le temps et faire les choses intelligemment."
Loïc Nottet ne s'est donc pas pressé après Danse avec les stars. En Belgique, son silence a un peu dérouté, car son single pour l'Eurovision, Rhythm Inside, était sorti depuis un moment déjà. Perfectionniste et un peu "control-freak", le jeune artiste n'a pas cédé à la pression. Il a enregistré son premier album "à Bruxelles, à la maison", et l'a composé seul : "J’ai voulu faire un maximum de choses seul, donc que les critiques soient bonnes ou mauvaises, je les assumerai." Il a même fait chanter l'album à une Américaine, pour "chopper son accent".
Cela ne vous rappelle personne ? Christine and the Queens, bien sûr. Les deux artistes partagent beaucoup de choses : un rapport "jusqu'au-boutiste" au travail, un besoin viscéral de tout contrôler, la hantise de la précipitation, une politesse exacerbée, un rapport innovant à la pop et à la danse, une ascension fulgurante, qui est pourtant le résultat d'années de labeur. Enfin, de l'admiration pour des grands artistes de la popculture, comme Lady Gaga et Michael Jackson.
"Ce sont des artistes que je respecte beaucoup. Lady Gaga est vraiment une bête de scène. Je l'ai vue deux fois en concert et on sent qu’elle est vraiment passionnée par ce qu’elle fait. Elle assume tout ce qu’elle dit. Elle est vraiment forte. C’est vraiment une belle artiste." Mais au quotidien, il avoue écouter plutôt Florence and the Machine, Sia, OneRepublic, Lana Del Rey ou encore, Imagine Dragons. "Des artistes qui envoient, c’est ce que j’aime écouter et chanter quand je suis chez moi", révèle-t-il. En 2014, il avait d'ailleurs fait sensation avec une reprise de Chandelier.
Chez lui, c'est aussi chez ses parents, puisqu'il vit toujours avec eux. "C’était important pour moi de rester chez moi, parce que j’ai pas envie de perdre pied, je veux garder ma petite vie, insiste la star en herbe. J’ai très peur de tout le monde qui se greffe à la musique, donc j’ai envie de m’accrocher un maximum à mon ancienne vie, tout en pouvant faire de la musique."
Je suis têtu, je sais ce que je veux et comment je le veux
Loïc Nottet
Malgré les réticences de son père et les moqueries de vestiaire, Loïc Nottet a persévéré dans ce qu'il estimait être sa voie. "J’ai la chance d’avoir un très fort caractère. Je suis têtu, je sais ce que je veux et comment je le veux. Même si j’entendais des choses méchantes... Au début on se demande ‘Peut-être que je ne suis pas normal’, mais ma force de caractère revenait. Je me disais que c’était de la danse, je ne faisais rien de mal."
Il n'a qu'un regret : que son père n'aie pas eu foi en ses capacités tout de suite. "Parfois je suis un peu déçu de voir qu’il a fallu qu’il voie la reconnaissance des autres pour se dire que ce que je faisais n’était peut-être pas si ovniesque que ça, confie-t-il à RTL2.fr. Il a eu le déclic à mon premier spectacle de danse, quand les gens ont applaudi et sont venus les féliciter. Je sais qu’il a pleuré. Je ne sais pas si c’était parce qu’il s’en est voulu. Ça a été la même chose avec la chanson. Il a fallu que je fasse The Voice et qu’il ait la reconnaissance des professionnels et des gens pour qu’il se dise que je sais chanter." Un parcours qui lui a valu le surnom de "Billy Elliot de Charleroi". Son destin est déjà en marche.
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