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Mike Dirnt de Green Day sur Trump : "On a un putain d'idiot à la Maison blanche"

RENCONTRE - Au lendemain de la victoire de Donald Trump, RTL2.fr a rencontré Mike Dirnt, le bassiste du trio pop-punk. Leur dernier album, "Revolution Radio", se retrouve plus dans l'actualité qu'ils ne le pensaient.

Mike Dirnt est le bassiste de Green Day. Le groupe a sorti son dernier album, "Revolution Radio", le 7 octobre.
Crédit : Photo by Chelsea Lauren/REX/Shutterstock

Paris, un matin gris de novembre, froid, pluvieux, venteux. Le monde est encore sous le choc de la victoire inattendue de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine. Le business man accédera à la Maison blanche le 20 janvier prochain. La plupart des stars s'étaient rangées du côté de Hillary Clinton, et sont en pleine déconvenue.

C'est bien évidemment le cas pour Green Day, trio pop-punk engagé depuis ses débuts, il y a presque 30 ans. En octobre, le groupe a dévoilé son 12e album studio, l'excellent Revolution Radio. Un disque très personnel pour le chanteur Billie Joe Armstrongqui y raconte ses épisodes de dépression. Mais il y donne aussi un reflet noir de la société américaine. Revolution Radio se retrouve finalement très en phase avec une actualité que le groupe n'avait pas anticipée. RTL2.fr a rencontré Mike Dirnt, le bassiste, très secoué par la victoire surprise de Donald Trump.

La victoire effrayante de Donald Trump

"Je me sens comme tout le monde. Je suis choqué. Mais je vais continuer à être la même personne. Ça ne change rien à ce que je crois, ni à ce que je croyais il y a 8 ans", affirme d'emblée le musicien. Tout de noir vêtu, son emblématique coupe de cheveux blonde hérissée, il s'exprime d'une voix très calme, mais pas apaisée.

"Le pouvoir se nourrit de la peur, analyse-t-il. (...) Les gens veulent que les choses changent mais ils ne savent pas comment ça marche ni comment les changer de la bonne manière, donc ils prennent des décisions irrationnelles. Je pense que beaucoup de gens ont voté pour Trump en secret, et ne le diront jamais."

On a un puritain pour vice-président et un sauvage pour président

Mike Dirnt (Green Day)
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Le musicien se garde de les juger : "Je ne pense pas que toute personne ayant voté pour Trump est idiote. Je pense qu’il y a beaucoup d’Américains effrayés et frustrés. Ça craint. Je ne suis pas content. Mais maintenant, il faut espérer retirer le meilleur d’une mauvaise situation. La situation est mauvaise. Je pense qu’on a un putain d’idiot à la Maison Blanche. On a un puritain pour vice-président et un sauvage pour président. Je ne sais pas où ça va aller, mais pendant un moment ça n’ira pas, j’imagine."

Le musicien ne cache pas son inquiétude : "Le vice-président me fait peur. On va perdre des droits civiques, les femmes vont perdre le droit à disposer de leur corps… Je ne sais pas où on va, mais c’est ça la chose triste : on a réalisé des progrès ces dernières années, mais le contrôle est à nouveau dans les mains d’un vieil homme blanc énervé. Ça m’effraie."

Verts de rage

Green Day est connu pour son engagement, ses chansons au vitriol contre les puissants et les gens fermés d'esprit. Tout amateur de pop-punk a sans doute écouté en boucle l'album American Idiot, sorti en 2004, dans une Amérique encore profondément traumatisée par le 11 septembre. Dans la chanson éponyme, Billie Joe Armstrong, qui écrit toutes les paroles du groupe, hurle son envie d'indépendance face à une société dépeinte comme à bout de nerfs, contrôlée par les médias. 

"American Idiot" n'était pas un album anti-Bush

Mike Dirnt (Green Day)

12 ans plus tard, Revolution Radio s'inscrit dans la continuée d'American Idiot, bien qu'il ne s'agisse pas cette fois d'un concept album. "Ce sont juste des chansons sur ce qu’il se passe dans le monde et l’impact que ça a sur nous, résume Mike Dirnt. Elles ont été écrites bien avant qu’on sache que Trump voulait se présenter. C’est pareil pour American Idiot, ce n’était pas un album anti-Bush. American Idiot parlait du fait d’être perdu, détaché de ce que l’on voyait autour de nous, façon ‘C’est de la merde, je ne veux pas être comme tous ces putains de gens’."

Avec Revolution Radio, Green Day a pourtant anticipé une sombre réalité. "Notre album ne devient que de plus en plus en pertinent, c’est flippant !, s'inquiète Mike Dirnt. Il faut qu’on écrive le prochain disque avec un point de vue complètement différent, pour que les choses se terminent comme elles le doivent."

Une vive tension jalonne Revolution Radio. "Ça c'est du Green Day pur jus", rit le bassiste. Billie Joe Armstrong y raconte sa propre histoire, à laquelle il ajoute des éléments de la société américaine contemporaine. Il se décrit en ado tenté par la violence dans Bang Bang, morceau écrit en référence à une tuerie de masse en Californie. 

"Le jeune homme qui l'a perpétrée avait écrit une tribune sur Internet, raconte le bassiste. Ça parle aussi de la culture du flingue, et tout le narcissisme qui va avec l’idée d’une identité en ligne. (...) Je n’ai pas grandi avec cette culture. Je suis devenu qui je suis avant que les ordinateurs aient une importance. Les gens voient leur popularité en ligne comme une part trop importante de ce qu’ils sont réellement. Ils y accordent trop d’importance."

Prendre du recul

L'idée de l'album est née après que Billie Joe Armstrong ait assisté à une marche contre les violences policières, à New York : "Il l’a rejointe et a écouté, était attentif, raconte Mike Dirnt. Il y a beaucoup de points de vue là-dessus aux États-Unis, mais à moins d’avoir été dans cette position, vous devriez vous contenter d’écouter et ne pas avoir d’avis là-dessus. Je sais ce que c’est d’avoir peur quand on est arrêté en tant qu’homme blanc, mais je n’ose pas imaginer ce que ça doit être quand on est noir."

Green Day espère faire réfléchir, mais ne prétend pas donner de réponses. "On est un reflet, on ne dit pas forcément aux gens ce qu’il faut croire, insiste Mike Dirnt. Billie écrit des chansons par rapport à ce qu’il voit, ses impressions. Ce que l’on fait, c’est qu’on essaie d’écrire sur nos vies mais pas en disant aux gens comment être. On veut qu’ils remettent tout en question. C’est la base du changement."

Le disque a aussi une dimension personnelle. Dans l'autobiographique Forever Now, Billie Joe Armstrong raconte ses errances de rock star, qui lui ont valu une dépression et des séjours en cure de désintoxication.

Cet album est une recherche de rédemption, de gratitude

Mike Dirnt (Green Day)

"Cet album est une recherche de rédemption, de gratitude, reconnaît Mike Dirnt. Il parle de notre voyage personnel, celui de Billie, reflète le monde et celui que nous voyons. Nous avons vécu beaucoup de choses sur le plan personnel. Billie a été en désintox, ma femme a eu un cancer du sein, celle de Jason White (un musicien les accompagnant sur scène, ndlr) aussi, des gens de notre équipe étaient au Bataclan, c’était horrible… Au bout d’un moment, tout ça vous fait prendre du recul, vous fait aimer les gens. On a besoin d'un peu plus de joie dans ce monde."

Vivre l'instant présent

Mike Dirnt est tout aussi punk que "hippie". "Donnez une chance à la paix", réclame-t-il. "Si seulement les gens pouvaient comprendre qu’ici, tout est temporaire. Que rien ne nous appartient. Mon iPhone ne m’appartient pas, ni mes photos, ni ma maison. On n’est là que de manière temporaire donc merde, détendez-vous ! Écoutez un peu de musique, profitez, parce qu’on n’est là que pour un temps. Arrêtez de vous croire si important, parce qu’à l’échelle du monde, ce n’est pas le cas. Si vous n’aimez pas les autres parce qu’ils ne sont pas conformes à vos opinions religieuses ou politiques, ou quoique ce soit, arrêtez de faire une fixette là-dessus."

D'ailleurs, que peut faire le punk en ces temps troublés ? "Restez fidèles à vos valeurs, continuez à être la personne que vous voulez être, implore le bassiste. J’adorerais voir le pays trouver un peu de compassion, plutôt que de combattre le système bi-partisan. (...) Peu importe ce qu’il en est, les gens doivent continuer à vivre de la manière qu’ils le veulent. Il faut trouver de l’humanité, de l’humilité."

J’essaierai de faire plus de bien que de mal tant que je suis là

Mike Dirnt (Green Day)

L'amour plutôt que la révolte. "On essaie de rester nous-mêmes et faire de la musique. Comme je l’ai dit, j’ai 44 ans, je ne sais pas combien d’années il me reste, probablement pas 44. Je resterai passionné, mais je ne perdrai plus la tête. J’essaierai de faire plus de bien que de mal tant que je suis là."

Green Day se produira à l'AccorHotels Arena le 3 février 2017. "C’est marrant parce que ça nous pris très longtemps pour réussir ici. On a joué dans des stations de métro, des tout petits clubs, mais peu importe le nombre de gens qui venaient, historiquement, certains de nos meilleurs concerts ont eu lieu ici." Mike Dirnt n'a qu'une hâte : remonter sur scène avec Billie Joe Armstrong et Tré Cool. "On veut juste faire de la musique, mettre tout de côté, nous amuser, nous connecter au public et aux amis que nous n’avons pas vus depuis longtemps. Être des divertisseurs, apprécier la musique et se réunir, et prendre le contrôle. Vivre l’instant présent."

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