Le nouveau single d'Order 89 "Lipstick" sort ce 3 mai

Cinq mois ont passé depuis leur venue en studio, mais pour ceux qui auraient loupé le coche à l’époque, petite présentation d’Order 89. « C’est avant tout une histoire de potes » commence Luce, guitariste et membre éminemment facétieux du quatuor, « le projet a commencé avec Jordi (basse-chant) et Flavien (drums-clavier), et c’est lorsque Jules (guitare) et moi-même avons rejoint le groupe qu’il a pris une mouvance plus rock ». Jordi précise que la formation originelle donnait bien plus dans la techno avant de se laisser influencer par les années 80 et l’énergie punk qui l’accompagne.

C'est un peu comme une trilogie. Ce troisième album est comme l'apogée des deux premiers.

Jordi, bassiste-chanteur d'Order 89

En décembre dernier, le groupe avait déjà nombre de titres écrits et composés, des titres que Jordi voyait empreints d’une grande lassitude et d’une profonde nostalgie. Entre-temps, les garçons se sont rendus dans les studios parisiens de Guillaume Leglise dans le quartier de Belleville pour enregistrer leur nouvel album, et même si ces deux thématiques prédominent toujours, s’est intensifiée l’envie de brûler. « Brûler la vie, brûler les sentiments, et le tout dans l’urgence » détaille-t-il. « L’actualité nous donne raison, on a vu les incendies ravager le Sud-Ouest l’été dernier, et quand on allume la télé, impossible de ne pas voir quelque chose qui crame … »
« C’est un peu dans cette urgence que l’album s’est construit et va sortir » complète Jules, « avec cette impression d’une fuite du monde. » Ce troisième opus retranscrit le refus des événements actuels, l’incompréhension de tout ce qui peut se produire, et le refus des choses qui ne leur conviennent pas, ne leur conviennent plus. « Tant que le groupe existera, ces thématiques seront nos leitmotiv » ponctue Luce.
Leur premier single, Lipstick, qui sort ce 3 mai, en est la première quintessence, tant musicale que visuelle. Car le groupe s’offre un clip réalisé par Guillaume Parvaud (Singe Savant), avec un univers esthétique qui a très vite plu, à Jules notamment. « On a trouvé ça super cohérent par rapport à l’atmosphère de notre album, avec un côté steampunk post-apocalyptique, très rétrofuturiste. » Oui, il sait que ça peut paraître bizarre, mais il pourrait difficilement être plus précis !

Ce premier single et ce premier clip sont aussi le prologue d’un triptyque imaginé par les garçons. « Les trois premiers titres, et clips qui les accompagnent, formeront un tout qui racontera une histoire autour de deux robots » explicite Jordi. L’idée serait de mélanger un futur dystopique dans lequel les deux protagonistes tentent de garder leur âme d’enfant malgré leur déshumanisation, essayent de retrouver les sentiments tels que l’amour, la joie, le partage, mais aussi la tristesse et la colère. Et surtout l’espoir. Car l’univers d’Order 89 est certes mélancolique et nostalgique, mais reste profondément teinté d’espoir.
De manière plus générale, ce troisième album sera l’apogée des deux premiers. « C’est un peu comme une trilogie, avec le paroxysme qui arrive » ajoute Jordi. Leur sentiment de révolte s’est affiné, les premières pierres étaient posées avec Bleu acier sorti en 2019, puis avec L’été des corbeaux en 2021 (entièrement autoproduit par le groupe). Leur style s’est précisé, et de l’aveu de Luce, une certaine maturité musicale s’est développée. « On sait de plus en plus où on veut arriver, ça me parait plus propre, et j’ai l’impression qu’on est plus conscients de tout ça. »
A l’inverse, pour Jules, dernier membre arrivé dans le groupe il y a un an et demi, cet opus se révèle plus indépendant des deux premiers. « Je n’ai pas assisté aux naissances précédentes, mais je connaissais bien le background de la bande. C’est le premier album que je compose avec eux, et c’est même le premier album que je compose tout court ! »

On est les spécialistes pour sortir le bon titre au mauvais moment.

Jordi

Les ‘’pirates’’, comme ils ont été plusieurs fois surnommés, avaient prévu de sortir ce troisième bébé au premier semestre 2023, mais force est de constater que l’échéance approche. « On préfère prendre plus de temps afin de rendre un projet plus propre, et prendre du temps sur la communication » clarifie Luce. Ça fait sens, étant donné leur présence en studio. Même si ce fameux sentiment d’urgence les définit toujours, et qu’ils savent qu’ils peuvent être ‘’à l’arrache’’, ils déplorent un peu leur art du mauvais timing. Jordi s’amuse en ajoutant « On est les spécialistes pour sortir le bon titre au mauvais moment ! On va sortir un album le même jour qu’un autre artiste bien plus connu, et du coup on va passer à la trappe. » On note d’ailleurs que le single Lipstick sort aujourd’hui, un mercredi, ce qui est plutôt inhabituel, les disques étant plutôt réalisés le vendredi.
Avant la sortie de leur album, le groupe compte toutefois tourner au maximum. C’est leur objectif principal. Les garçons ont récemment signé chez "Voulez-vous danser", un tourneur à Paris, avec lequel ils espèrent pouvoir se produire dans nombre de festivals, et pourquoi pas tourner en Europe de façon organisée pendant plusieurs semaines. Le tout, sans s’arrêter de composer, évidemment. « Ce n’est pas parce que le temps est consacré aux concerts qu’on ne va pas composer » ajoute Jordi.

Leur prochain concert aura d’ailleurs lieu au Mac 3 à Pessac lors du Sidéral Festival, les 12 et 13 mai, aux côtés d’autres groupes locaux. Et la scène locale, ils l’aiment ! « Il y a beaucoup de choses à dire ! » se lance Jules. « Ça fait pas mal de temps que je gravite dedans par le biais de l’association Astrodome notamment ». Il y a vu le paysage rock bourgeonner et éclore, avec énormément de groupes, de styles et de labels. Jordi ressent également l’effervescence de la scène bordelaise. Selon lui, elle était en soins palliatifs depuis un bon moment dans le genre rock, mais semble renaître au travers de collectifs qui se montent et réintègrent des groupes à leur programmation. « Je ne sais pas si c’est parce qu’on est concentrés sur la scène bordelaise qu’on ressent cette émergence, mais on note la motivation d’un peu tout le monde » ajoute Luce. A les entendre, les lieux d’expression changent également, le rock ne se cantonne plus seulement aux caves (toujours appréciées, au demeurant), mais s’exporte dans des adresses plus atypiques telles que le Hangar FL, pourtant plus réputé pour ses soirées électro et techno. Tout le monde devient copain avec tout le monde, la solidarité est de mise dans cette agitation bordelaise, et Luce de conclure « On espère que ça va continuer et qu’il y aura toujours des possibilités de voir vivre le rock. »
Amen.

Mercredi 3 Mai, jour de sortie de Lipstick, premier single du troisième album d’Order 89, et jour d’anniversaire de … Luce !