Neil Young & les vinyles de "Come a Time"

Neil Young adore expérimenter. Et après des gros succès, il a toujours remanié sa musique pour changer de style, explorer. Il est constamment dans le rejet de styles commerciaux. On lui donnera d'ailleurs la paternité du grunge, Nirvana, Pearl Jam l'appelèrent le Godfather of Grunge. 

Mais cette recherche prend du temps et demande beaucoup d'applications, et ça a été le cas pour l'album Come a Time. Il rentrera en studio en 1975 et en sortira en novembre 1977. Deux ans de studio pour enregistrer l'album. Il voudra s'entourer des meilleurs. Il y a donc quatre producteurs plus lui. C'est ce que font les stars de pop aujourd'hui, mais en 1975, c'était très peu courant. Il engagera 38 musiciens et musiciennes, dont 7 pour les guitares acoustiques et 16 pour les violons. Il passera un temps fou sur les mix et sur le mastering.

Neil Young adore les nouvelles technologies et adore être derrière les machines. Il y passera des mois et à la fin, il demande à la maison de disques de lui envoyer les bandes pour qu'il valide une dernière fois. Les bandes arrivent chez lui, il écoute, il se rend compte que le son n'est pas aussi bon qu'il l'espérait et il a une théorie, les bandes une fois sorties du studio ont été envoyées par avion et donc ont dû être endommagées. 

Et c'est là que l'histoire devient folle. Il demande à la maison de disques de refaire le mastering. Leur réponse ? "Malheureusement, c'est trop tard, les vinyles sont partis à la fabrication". Donc il devient fou et il leur dit qu'il ne faut pas que ça sorte. La maison de disques lui répond "Malheureusement, c'est trop tard, les commandes des disquaires sont déjà passées". "Ok, je vais racheter tous les vinyles. Il y en a combien ?" "Euh... 200 000". "Ah OK". Il a donc racheté les 200 000 vinyles !

Il s'est fait livrer l'intégrale dans sa maison à la campagne. Mais maintenant quoi ? Il va faire quoi avec ses 200 000 vinyles ! Neil Young est un grand écologiste et il est hors de question de gâcher ou de brûler tous ses vinyles. Il a donc appelé un artisan et il a tout simplement retapé le toit de sa grange avec les 200 000 vinyles. Il y a donc une grange, quelque part en Amérique, faite avec 200 000 vinyles de Neil Young.
 
L'album se vendra finalement à plus d'un million d'exemplaires. Pas sûr qu'il ait gagné de l'argent avec cette opération, mais deux choses sont sûres. Neil Young est un génie et aussi un excellent architecte. Je vous propose de juste aller écouter Neil Young tous les jours. Vive Neil Young et vive les vinyles !