Hollywood prend des risques avec "Selma", coup de cœur de Mat Bastard

Selma est l'un de ces films engagés qui contribue au devoir de mémoire. Sorti le 11 mars dernier, le long métrage de la réalisatrice Ava DuVernay est un témoignage de l'Histoire. Il y a 50 ans, en février 1965, Martin Luther King organisait de Selma à Montgomery en Alabama plusieurs marches symboliques pour les droits civiques dans une ville imprégnée de racisme.

Lors de ces marches de plusieurs semaines, les militants sont victimes d'une violente répression un dimanche de mars 1965, surnommé depuis le "Bloody Sunday" (dimanche sanglant). Les actes barbares commis par les autorités scandalisent l'Amérique et déclenchent un mouvement national amenant le président Lyndon Johnson à proclamer le Voting Rights Act (1965), donnant le droit de vote aux Noirs.

"Ce genre de film est peut-être une vieille histoire mais il renvoie à une certaine réalité et au problème de l'être humain qui a beaucoup de mal à se remettre en question, explique Mat Bastard, rédacteur en chef d'un jour de RTL2.fr. Le message que véhicule Selma est important surtout à notre époque. "On est de plus en plus attiré par l'entertainment, tout le temps. C'est compliqué de faire passer quelque chose d'un peu plus sérieux et de prendre des risques", déclare le chanteur.

Selma met des idées, des images sur la table et ouvre un débat

Mat Bastard

Ce racisme remonte à 50 ans seulement. Il se ressent encore parfois aujourd'hui. Le chanteur de Skip the Use, agressé à 14 ans, à cause de sa couleur de peau peut témoigner. Pour le leader du groupe français, un film comme Selma apporte un questionnement plus que jamais nécessaire à l'heure où les violences policières contre des Noirs américains sont toujours présentes. En témoigne les récents heurts entre des forces de l'ordre américaines et des Noirs américains à Ferguson, New York, ou encore Los Angeles. L'histoire "met des idées, des images sur la table et ouvre un débat".

Outre le message historique et social, Selma raconte un glorieux moment de la vie de Martin Luther King. Le pasteur non-violent n'a jamais reçu les honneurs d'un biopic au cinéma. Auréolé de son prix Nobel de la paix, il atteint son objectif suprême avec la marches de Selma : faire plier le gouvernement sur le droit de vote. David Oyelowo, étoile montante de Hollywood (Interstellar, A Most Violent Year), est saisissant et charismatique dans le rôle de l'icone américaine.

Oprah Winfrey, incroyable dans "Selma"

Oprah Winfrey tire aussi son épingle du jeu dans le rôle d'une infirmière modeste qui tente de s'inscrire au registre des électeurs et se voit humiliée par un employé de mairie. "Oprah Winfrey est mortelle dans ce film", a jugé Mat Bastard. Dans Le Majordome je l'avais déjà trouvée excellente", poursuit le chanteur qui a découvert le talent de la productrice américaine à travers ces deux longs-métrages.

Leurs prestations auraient mérité une nomination aux Oscars. Mais aucun acteur ou actrice noirs du film n'a été représenté dans la course à la statuette. Ce qui a suscité une importante polémique aux États-Unis. "Les droits pour lesquels se sont battus il y a 50 ans" les héros du film Selma, "sont compromis aujourd'hui", a lancé le chanteur John Legend, en recevant l'oscar de la meilleure bande originale pour Glory, la chanson principale du long-métrage.

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