Emma Watson, Patricia Arquette... les visages du féminisme à Hollywood

“Il est temps pour les femmes d’obtenir l’égalité des salaires une bonne fois pour toutes et que l’on ait les mêmes droits [que les hommes].” Lorsque Patricia Arquette est montée sur la scène des Oscars le 22 février dernier pour accepter le prix de la meilleure actrice dans un second rôle, elle a décidé de parler au nom de toutes les femmes à Hollywood. Quelques mots qui ne sont pas passés inaperçus : pendant qu’elle prononçait son discours, on a pu voir Meryl Streep applaudissant et encourageant sa collègue chaleureusement.

Ces dix dernières années, les aînées se rebellent et brandissent fièrement leurs convictions féministes. “Est-ce que vous pensez que vous devriez avoir le même salaire pour le même travail ? Est-ce que vous pensez que les femmes ont le droit de sortir de chez elles ? Est-ce que vous êtes d’accord sur le fait que les hommes et les femmes devraient avoir les mêmes droits ? Dans ce cas, vous êtes féministe”, explique simplement Amy Poehler, 43 ans et créatrice de la série Parks and Recreation au Elle américain. Avec Tina Fey (30 Rock) et Kristen Wiig (Mes meilleures amies), elle fait partie de ces ex-membres de la troupe du Saturday Night Live, très attachées à défendre les droits des femmes.

D’autres actrices qui tournent depuis une vingtaine d'années à Hollywood prennent aussi la parole. Dans un portrait du Guardian, Salma Hayek, 48 ans, se définit elle aussi comme une fervente “féministe” inspirée par “les femmes qu’elle croise tous les jours.” Helen Mirren, Gillian Anderson ou Hilary Swank ont toutes encouragé leurs cadettes à se battre. “Il est facile de ne pas voir le sexisme ou de s’y habituer, a expliqué Anderson au magazine Red. Mais il y a des choses intolérables dans le monde d’aujourd’hui dans la façon dont les femmes sont perçues.” Elle se souvient notamment d’un bras de fer avec la production de la série X-Files dans les années 90 pour atteindre un salaire comparable à celui de son partenaire David Duchovny.

La jeune génération continue le combat

Encouragées par l’envie d’Arquette, de Streep ou de Poehler de briser le plafond de verre, de nombreuses actrices s'expriment pour défendre l’égalité, de Lena Dunham (Girls) à Chloe Grace Moretz (Kick-Ass) en passant par Jennifer Lawrence (Hunger Games), Anna Kendrick (The Hit Girls) ou encore Ellen Page (Juno), qui avait ému le public avec son coming out lors de la conférence Time to Thrive.

À seulement 24 ans, la star de la saga Harry Potter Emma Watson a donné un discours personnel et touchant aux Nations-Unies. “Aucun pays dans le monde ne peut aujourd’hui se prévaloir d’être parvenu à instaurer l’égalité entre les hommes et les femmes”, a-t-elle déclaré à cette occasion. Une prise de parole qui a eu beaucoup d’impact et qui, même si elle a valu à l’actrice des menaces de mort sur Internet, a surtout permis d’ouvrir les yeux à un grand nombre de personnes de sa génération. 

L’actrice et chanteuse de 25 ans Taylor Swift a salué l’initiative. “J’aurais aimé, quand j’avais 12 ans, pouvoir voir une vidéo de mon actrice préférée expliquer la définition du féminisme d’une manière aussi belle, intellectuelle et poignante”, a-t-elle confiée à l’émission Tout le Monde En Parle.

L’actrice Lena Dunham, 28 ans, s’est beaucoup engagée pour le féminisme, notamment à travers sa série Girls, un anti-Sex and the City qui raconte l’histoire de quatre copines rongées par leurs névroses. Dans un entretien croisé avec Claire Danes (Homeland) dans Interview Magazine, Dunham a confié qu’elle attendait avec impatience que les femmes se mettent à parler de féminisme et que le sujet puisse devenir “cool”.

Les voix dissonantes

En marge de cette belle unité, de nombreuses célébrités refusent de se voir mêlée au féminisme. Sarah Jessica Parker, Demi Moore, Madonna ou Susan Sarandon se déclarent volontiers “humanistes, mais pas féministes.”

L’auteur américain Roxane Gay, qui a signé une tribune dans le Guardian sur les actrices et l’engagement féministe, a quant à elle déploré le “marketing” autour de la cause. “Cela m’énerve, écrit-elle, que l’on accepte le féminisme et les féministes plus facilement quand elles sont vendues dans un bel emballage : jeunes, belles, célèbres, pleines d’autodérision. C’est frustrant de se dire que l’idée que les femmes aient les mêmes droits que les hommes n’est pas attirante. On demande à ce que les personnes qui réclament ces droits se conforment aux idéaux que l’on essaie de détruire.” Quelques voix discordantes, qui ne suffiront pas à faire taire la gronde intergénérationnelle.