"L'Aliéniste" de Caleb Carr, un polar fou selon Mat Bastard

Dans le New York brumeux et sordide de la fin du XIXème siècle, une série de crimes abominables est perpétrée contre des enfants prostitués. Leur meurtrier sévit pour la première fois dans les bas-fonds de Manhattan. La victime a 14 ans et se travestit chaque soir. 

Theodore Roosevelt, le nouveau préfet de police de la ville (et futur président des États-Unis) décide de constituer une équipe pour capturer ce monstre qui mutile ses victimes. Le docteur Laszlo Kreizler, aliéniste (ancien terme pour désigner un psychiatre) de spécialité, accompagné de son vieil ami journaliste John Moore, espère pouvoir identifier le tueur en établissant son profil psychologique.

L'Aliéniste de Caleb Carr, paru en 1994, retrace les prémices de la psychiatrie. Les livres de l'auteur new yorkais portent souvent sur cette analyse psychologique du crime que Caleb Carr, né en 1955, lie directement à son enfance difficile. Durant ses jeunes années, il a été confronté à la violence et l'alcoolisme de son père. L'écrivain a commencé à "apprendre sur lui-même" grâce à la thérapie, avait-il confié dans une interview au New York Times. 

C'est l'histoire d'un homme qui analyse un serial killer

Mat Bastard

C'est cette approche de la psychiatrie qui a séduit Mat Bastard, rédacteur en chef d'un jour de RTL2.fr. "Avant d'être musicien, j'étais infirmier, a confié le leader de Skip the Use. J'ai beaucoup travaillé dans des unités psychiatriques. L'histoire se passe au début de la psychiatrie. Avant, toutes les pathologies mentales, les handicapés étaient considérés comme des fous. Il ne fallait pas les voir. On les mettait dans un asile jusqu'à ce qu'ils crèvent. À la fin du XIXème siècle, les spécialistes ont commencé à se dire qu'il y avait peut-être des traitements. À travers ce polar et l'histoire des crimes, c'est aussi l'histoire d'un homme qui analyse un serial killer. Quand tout le monde se dit qu'il faut l'enfermer, lui cherche à le comprendre et comprendre sa folie. J'ai trouvé ça hyper intéressant."

Précision historique et sensorielle

La lecture se fait d'une traite, rythmée par de saisissantes descriptions de la ville de New York à l'aube de la modernité, divisée entre les très riches et les pauvres. L'auteur est d'une précision historique et sensorielle. L'ambiance inquiétante et sordide rappelle celle de Sherlock Holmes ou Jack L'Éventreur. "On entend presque claquer les sabots des chevaux dans le vieux Broadway", jugeait le New York Times dans sa critique de 1994. Le roman est resté plusieurs semaines dans le top 10 du classement des best-sellers établi par le quotidien américain.

Outre la description physique de la ville, L'Aliéniste décrit fidèlement l'esprit de l'époque, comme le soulignait une critique du quotidien The Tampa Tribune en 1994. "Carr a évoqué l'esprit de l'époque, lorsque les puissants en charge étaient inquiets des troubles parmi les masses de travailleurs immigrés". Cette plongée dans la grosse pomme a tenu en haleine Mat Bastard qui qualifie sans hésiter Caleb Carr de "plus grand auteur américain sur la ville de New York."

Mat Bastard le chanteur de Skip The Use prend la main sur les contenus de RTL2.fr
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