Genesis donne un concert d'adieu émouvant et spectaculaire à Paris La Défense Arena

C'est l'heure des grands adieux. Genesis a donné mercredi 16 mars 2022 le premier de deux concerts à Paris La Défense Arena, ses derniers en France. On a bien du mal à y croire. Même le titre officiel de la tournée entretient le doute avec son point d'interrogation : "The Last Domino ? Tour".

Phil Collins, Mike Rutherford et Tony Banks sont pourtant catégoriques : c'est fini. "Cela fait plus de 50 ans qu'on joue ensemble. On s'est bien marré, mais c’est bien de s'arrêter", ont-ils encore confié à RTL2. Alors, forcément, un mélange d'excitation teintée d'une douce nostalgie s'empare des spectateurs quand ils pénètrent dans l'immense salle de Nanterre.

Certains se ruent sur le merchandising histoire de ramener un précieux souvenir. Il faut dire aussi que les fans de Genesis attendent ce moment depuis si longtemps. Les membres du groupe n'ont plus rejoué ensemble depuis 14 ans. Entre temps, Collins a été rattrapé par des douleurs aux vertèbres et la hanche et ne peut plus tenir les baguettes. Et puis, la tournée actuelle a été repoussée à deux reprises en raison de la pandémie de Covid. Revoir Genesis tient presque du miracle.

La voix de Phil Collins est toujours là

20h30. La salle est plongée dans le noir. Les musiciens arrivent un à un sur scène, simplement, sans artifice. Genesis entame son set avec l'instrumental Behind The Lines suivi de Duke's End. Le public exulte. Phil Collins est bien là, en survêtement noir, sur sa chaise, entouré du longiligne Mike Rutherford et d'un Tony Banks très concentré derrière ses claviers. Le trio est épaulé par le guitariste et bassiste Daryl Stuermer, fidèle compagnon du groupe en live depuis 1977, tandis que la batterie est désormais assurée par Nicholas Collins, 20 ans, le fils de Phil Collins. Deux choristes complètent la formation.

Les premières notes Turn it On Again résonnent. Les spectateurs retiennent leur souffle. À quoi va ressembler le chant de Phil Collins ? La magie opère alors. Sa voix est quasiment intacte. Malgré ses 71 ans et ses problèmes de santé, il tient encore les notes difficiles, même les plus aiguës. Cette bonne impression se confirme dès le titre suivant : Mama. Baigné dans une lumière rouge inquiétante, le chanteur est captivant. Ses petits grognements et rires sardoniques sont encore plus effrayants que dans sa version originale de 1983. Premier grand moment de la soirée.

"Poutine est un putain d'idiot"

"Bonsoir Paris, bonsoir la France ! C'est un plaisir pour nous", lance ensuite Phil Collins en français, avant d'introduire Land of Confusion. Connu pour son clip délirant mettant en scène des marionnettes de l'émission satirique Spitting Image, ce tube qui a été "écrit au sujet de Ronald Reagan et Margaret Thatcher", a trouvé un sens nouveau avec le Covid, explique le leader de Genesis - Les projections vidéos accompagnant le morceau sur cette tournée montrent d'ailleurs des personnages masqués dans des lieux abandonnés. "Mais récemment, c'est devenu une chanson plus à propos de monsieur Poutine", poursuit Phil Collins. Huées dans la salle. "C'est un putain d'idiot", ajoute-t-il alors. Applaudissements.

Le spectacle de Genesis fait évidemment la part belle aux tubes des années 80, mais il réserve aussi différentes surprises en puisant dans la vaste discographie du groupe. Après Home by the Sea / Second Home by the Sea et sa mise en scène façon film d'épouvante, les Britanniques interprètent ainsi d'anciens chefs d'oeuvre comme The Cinema Show, Afterglow ou The Lamb Lies Down on Broadway, extrait du double album éponyme de 1974, dans une sublime version acoustique.

Genesis jouera également plus tard Firth of Fifth et I Know What I Like (In Your Wardrobe) tirés de Selling England by the Pound (1973). Les amoureux de la période progressive de Genesis sont comblés.

Le show du fils de Phil Collins sur "Domino"

Arrive le moment de Domino, qui donne son nom à la tournée, et inspire la scénographie. La scène est en effet surplombée par cinq gros blocs de projecteurs en forme de dominos, changeant de position tout au long du concert. Phil Collins explique alors le "principe des dominos": "C'est quand quelque chose qui arrive à une personne en affecte une autre". Le chanteur appuie sa démonstration en faisant réagir successivement les spectateurs situés à droite, au centre, à gauche, au fond de la salle. "Vous voyez !"

Domino, long morceau épique de près de 11 minutes, se termine par un final à la batterie vertigineux. Nicholas Collins impressionne par sa technicité et sa puissance. C'est de loin LA révélation du concert. L'émotion gagne le public sur Throw it All Away. Des tranches de cassettes audio des albums de Genesis apparaissent sur l’écran géant. Puis, entre elles, se glissent des vidéos de tous les membres de Genesis, dont Peter Gabriel (avec son fameux costume de fleur) et Steve Hackett.

La fin du show se termine sous une pluie de tubes : Tonight, Tonight, Tonight, Invisible Touch, I Can't Dance… Le public donne de la voix, avant un dernier frisson : The Carpet Crawlers. La tendre ballade, interprétée à l'origine par Peter Gabriel, reste l'une des merveilles du rock avec son étrange refrain : "The carpet crawlers heed their callers : "We've got to get in to get out…" Ovation. Phil Collins, Mike Rutherford et Tony Banks saluent les quelque 40.000 spectateurs présents. Il reste encore un soir pour repousser jusqu'au bout le dernier au revoir.

Genesis, les 16 et 17 mars, à Paris La Défense Arena.