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Dossier numéro 16425 - La descente aux enfers de Phil Spector

Dans cet épisode de Rock'N Roll Justice, Fabrice Epstein nous plonge dans la vie tumultueuse de Phil Spector, le légendaire producteur musical derrière des tubes iconiques des années 60. Connu pour son génie créatif et ses frasques, Spector se retrouve au cœur d'une affaire judiciaire retentissante après une nuit tragique avec l'actrice Lana Clarkson. Entre succès, folie et scandale, découvrez comment l'homme qui a révolutionné le son de la pop a vu sa vie basculer dans l'ombre.

Dossier numéro 16425 La descente aux enfers de Phil Spector

Crédit : RTL2

Dossier numéro 16425 - La descente aux enfers de Phil Spector

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Fabrice Epstein - édité par Mathias Elena

Studio Gold Star, Los Angeles, 5 juillet 1963, on enregistre Be My Baby. Saviez-vous que derrière ce tube, il y a un bonhomme de 23 ans, mi-chauve, mi-grande gueule, un petit gars de Brooklyn, aux lunettes noires et au verbe haut ? Il s'appelle Phil Spector. Vous le connaissez tous. C'est lui qui a produit presque tous les tubes du début des années 60 et porté au pinacle les girls band. De Be My Baby à Da Doo Ron Ron, c'est Phil Spector.

Dans le monde de la pop, il est l'inventeur du "wall of sound", une technique de production qui consiste à superposer plusieurs instruments jouant à l'unisson. Phil a commencé par chanter et a même obtenu un numéro 1 au billboard. Mais c'est en tant que producteur qu'il donne la pleine mesure de son talent. Le génie est connu pour son perfectionnisme. Avec lui, on peut refaire les prises plus de 100 fois et travailler jusqu'aux petits jours. Mais il est aussi connu pour ses frasques. Avec les plus grands, n'a-t-il pas menacé John Lennon ? Braquer une arme sur la tempe de Leonard Cohen en pleine séance d'enregistrement ? Spector est dérangé. Peut-être que cela s'explique par le suicide de son père alors qu'il n'a que 9 ans ? Toujours est-il que cette folie va l'habiter, jusqu'à l'isoler complètement, des studios et du monde, alors qu'il n'a pas 40 ans.

À l'orée du XXIe siècle, du grand tycoon des années 60, il ne reste presque rien. Enfin si. Un tueur potentiel, personnage principal d'une des affaires les plus glauques du monde de la musique. 3 février 2003. Phil décide de passer la soirée dehors. Il porte son dévolu sur une boîte à la mode, le House of Blues. Au carré VIP, on y croise Le Gratin, Brad Pitt, Kevin Costner ou encore Madonna. Alors qu'il boit un verre avec une amie, Phil est intrigué par une grande serveuse blonde qui a de faux airs de Marilyn Monroe. "Qui est-elle ?" demande-t-il. C'est Lana Clarkson, une actrice de série B qui n'a pas percé Hollywood. À la fin de son service, Phil insiste pour que Lana rentre avec lui. Clarkson ne sait pas qui est ce vieil homme qui porte une perruque extravagante. Spector ? Non, jamais entendu parler. Mais elle se laisse convaincre. Adriano de Souza, le chauffeur de Spector, les conduit en Mercedes vers le Pyrenees Castle, le manoir hanté du producteur. Là, on ne sait pas très bien ce qu'il se passe, mais on imagine. Les amants discutent, boivent. Peut-être que Phil lui fait écouter ses vieux succès lorsque, à 5h du matin, un coup de feu éclate. Phil sort du manoir et tombe nez à nez avec son chauffeur. Il a l'air dérangé, hagard, tient un revolver à la main droite. Désemparé, soupire. "Je crois que j'ai tué quelqu'un. " De Souza appelle les flics qui, non sans effort, mennotent Spector. Puis, ils découvrent la scène de crime. Lana Clarkson est morte, affalée sur une chaise, une balle de 9 mm logée dans la bouche et sous la jambe gauche, une arme à feu.

En garde à vue, Spector se défend. Clarkson, dit-il, a embrassé le revolver. Elle a choisi "son domicile pour se donner la mort". Spector est relâché contre une caution très conséquente. 19 mars 2007, cour supérieure de Los Angeles. Le procès à grand spectacle peut commencer. Les journalistes se pressent, on entend les cliquetis des appareils photos. Pendant que la famille de la victime monte les marches du palais de justice avec discrétion, Spector et ses avocats paradent. À Los Angeles, les stars ne sont-elles pas au-dessus des lois ? C'est justement ce que le jury devra trancher en répondant à la question suivante. Suicide ou féminicide ? 

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Pour les avocats de Spector, les preuves ne manquent pas pour appuyer la thèse du suicide. D'abord, on ne trouve aucune empreinte de Spector sur le revolver de la scène de crime. Ensuite, le sang de Clarkson sur les habits de Spector a été retrouvé en si faible quantité qu'il ne pouvait pas être à proximité de la victime lorsque le coup de feu a retenti. Enfin, Clarkson était continuellement déprimé, raison suffisante pour se donner la mort. L'accusation réfute les thèses de la défense. Spector agit toujours de la même façon lorsqu'il a bu et qu'une femme se refuse à lui. Il agite la menace des armes. Sauf que cette fois, il est allé trop loin et a commis l'irréparable. Que dit le jury ? Rien. Il y a un doute. Spector est relâché.

Et le voilà, qui repart de plus belle, fanfaronnant devant les médias, clamant qu'il est innocent, qu'il est le bouc émissaire dans cette histoire à coucher dehors. C'est justement cette attitude bravache qui va lui valoir une condamnation sans appel. À l'issue d'un second procès, Phil est condamné à 19 ans de réclusion criminelle. Il en fera 12, détenu comme les autres, touchant chaque année des royalties considérables. Il finit par mourir du Covid en 2021, sans perruque, sans tambour ni musique, oublié de tous et victime de sa folie. Telle est la loi du rock.

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