4 min de lecture

Dossier 69235 - L'exil de Jim Morrison

Dans cet épisode de Rock'N Roll Justice, Fabrice Epstein nous plonge dans l'histoire fascinante de Jim Morrison, le charismatique leader des Doors, et son exil en France. Condamné par la justice américaine, le chanteur des Doors fuit son pays pour s'installer à Paris, où il passera ses derniers jours. Fabrice Epstein explore les événements tumultueux qui ont conduit à cette fuite, entre provocations scéniques et scandales judiciaires. Découvrez les dessous d'un procès qui a marqué l'histoire du rock.

Dossier 69235 - L'exil de Jim Morrison

Crédit : RTL2

Dossier 69235 - L'exil de Jim Morrison

00:05:50

Fabrice Epstein - édité par Bertrand Laidain

Saviez-vous que Jim Morrison était enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris ? Qu'il partage cet insigne honneur avec d'autres célébrités, françaises ou étrangères, comme Oscar Wilde ou Edith Piaf ? Oui, vous le saviez. 

Mais pourquoi a-t-il été inhumé dans le plus grand secret le 7 juillet 1971 en France ? Et pourquoi a-t-il passé les derniers jours de sa courte vie dans le quartier du Marais, rue Bautry, à quelques encablures de la splendide et verdoyante place des Vosges ? Parce que condamné par la justice américaine, le beau Jim a préféré fuir son pays pour s'établir en Europe. L'histoire de cette fuite, c'est l'histoire d'un procès qui a coûté la vie au sex-symbole le plus charismatique des années 60. 

Retour en 1966, à Los Angeles. Un nouveau groupe fait parler de lui. Il s'appelle The Doors et tire son nom d'un livre de l'intellectuel anglais Adlus Huxley, Les Portes de la Perception. Les Doors ont un son singulier. Pendant que Ray Manzarek tisse des mélodies entêtantes sur son piano Bass Rhodes, Morrison éructe ses poésies d'un autre temps. Mais c'est sur scène que les Doors s'épanouissent. Jacques Holzman, le fondateur du label Elektra, les découvre au Whisky à Go-Go, une boîte de Los Angeles. Il les subjugue et les signe dans l'heure. La bande-son de la côte ouest, ce sera les Doors.

Janvier 1967. Le groupe sort un premier album, The Doors, qui compte de nombreux tubes. Notamment Light My Fire, qui choque l'opinion par son apologie de la drogue. Les Doors sont radioactifs. Et tout particulièrement Morrison. Depuis la création de son groupe, n'a-t-il pas enchaîné les gardes à vue au même rythme que ses conquêtes ? On le dit, ivre, drogué, c'est un provocateur né. 

À écouter aussi

Fin 67, à New Haven, dans le Connecticut, il a une altercation avec la police dans les vestiaires d'une salle de concert et sur scène, tient des propos injurieux à l'égard des flics. Morrison est arrêté. Plus tard, les charges seront abandonnées pour manque de preuves.

Mais le soir du 1er mars 1969, les incartades du trublion de la musique n'allaient pas connaître le même sort. Nous sommes à Miami. Le ciel est bas et lourd. Le Dinner Key Auditorium s'apprête à accueillir un concert des Doors. La chaleur est accablante. Et si les spectateurs sont nerveux, c'est parce que les organisateurs du concert ont eu la bonne idée de vendre 4000 faux billets. Mais il n'y a pas que ça. Jim Morrison se fait attendre. Son groupe est sur scène, mais lui manque à l'appel. La foule hurle "On veut Jim ! On veut Jim !" Il est plus de 22h lorsque Morrison entre sur scène. Sa démarche est peu assurée. Il a l'air saoul ou drogué. Morrison entame quelques tubes. A l'évidence, il est absent. Puis, il harangue le public. L'insulte. Conspue la Floride qui l'accueille. Et dans un élan de dérédiction, dit ou aurait dit "Vous voulez voir ma..." Il aurait baissé son pantalon pour montrer la chose qui pend. Mais quelles sont les preuves, me direz-vous ? Existe-t-il des photos, des films pour en attester ? Non, c'est la presse qui, quatre jours plus tard, relate le concert qui dérape. 

Dans la foulée, Jim Morrison est poursuivi par l'État de Floride. La tournée des Doors est annulée et les radios bannissent le groupe de leurs ondes. Morrison a peur, car son procès s'annonce médiatique. 10 août 1970, cour criminelle de Miami. Pour l'occasion, Jim Morrison s'est habillé. Il porte chemise et pantalon de toile. En off, le procureur lui demande de signer les vinyles des Doors pour ses enfants. Mais au cours de l'audience, il est impitoyable. Il réclame de la prison ferme pour le poète. Morrison a tenu des propos obscènes et montré son sexe. C'est l'Amérique qui est en état de choc. 

En réalité, ce sont deux mondes qui s'affrontent, l'ancien et le nouveau. La Défense a une toute autre lecture des faits qui ne sont pas établis. Dans cette Amérique protestante, l'inconscient collectif a vu Morrison s'exhiber en public. Preuve en est que les témoins ont menti. Où sont les enregistrements ? Où sont les photos ? Et puis, le conseil de Morrison enfonce le clou. Si tant est qu'il se soit dénudé, est-ce vraiment un problème ? Les années 60 ont fait l'apologie de la liberté, de la nudité. Il faut savoir évoluer avec son temps. Le juge, un certain Goodman, de l'ancienne école, ne semble pas convaincu. C'est que Morrison, l'accusé, n'a pas trop l'air dans son assiette. Interrogé, il avoue ne pas se souvenir du jour J. Il était saoul. Le public, qui se masse dans la salle d'audience, retient son souffle. Goodman énonce le verdict. Morrison est acquitté pour état d'ébriété, mais condamné pour exhibitionnisme. La peine est lourde. Six mois de prison ferme. 

Morrison fait appel, comment peut-il s'imaginer derrière les barreaux ? Morrison se sauve, il quitte Los Angeles pour Paris, Rider on the Storm, on connaît la suite, il meurt à Paris le 3 juillet 1971. Mais quelque chose d'inhabituel se produit. 40 ans après sa mort, le gouverneur de Floride, Charlie Christ, décide de gracier Jim Morrison. Le 9 décembre 2010, Morrison est innocenté. De son vivant, il ne manquait pas de grâce. Mort, la grâce ne le fera pas revenir, telle est la loi du rock.

L'équipe de l'émission vous recommande
À lire aussi

En Direct

/

Bienvenue sur RTL2

Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio

Je crée mon compte