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Dossier 98430 : Bob Dylan, l'affaire Hurricane Carter

Fabrice Epstein nous plonge dans l'affaire controversée de Hurricane Carter, un boxeur accusé à tort de meurtre dans les années 60. À travers la chanson engagée de Bob Dylan, "Hurricane", Epstein explore les rouages d'une justice américaine biaisée et les répercussions d'un témoignage contesté. Découvrez comment une chanson peut devenir un puissant plaidoyer contre l'injustice.

Dossier 98430 Bob Dylan, l'affaire Hurricane Carter

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Dossier 98430 : Bob Dylan, l'affaire Hurricane Carter

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Fabrice Epstein - édité par Mathias Elena

Vous pensez vraiment connaître ce titre ? Or, vous n'en connaissez que 20% et je vais vous dire pourquoi. Hurricane. C'est du Bob Dylan, du pur, du brut, du bardé de convictions. En résumé, l'histoire d'un homme noir accusé à tort par une justice blanche.

On est en 1966 dans le New Jersey. Il est 22h. Deux personnes entrent dans un bar et tuent trois clients. Un témoin remarque que ces deux personnes sont de couleur noire et qu'ils viennent de rejoindre une voiture blanche prenant la fuite. Quelques heures plus tard, Hurricane Carter, boxeur connu, est arrêté avec un de ses amis. Faute de preuves, ils sont relâchés. Et quelques mois plus tard, deux voyous, présents sur la scène de crime, affirment devant les services de police que Hurricane Carter et son ami sont responsables du triple meurtre. L'enquête est bâclée, ils sont condamnés à perpétuité, l'injustice est criante.

En prison, Carter écrit une autobiographie. Dylan la lit, il est bouleversé. Alors qu'il n'a pas composé de protest-song depuis des années, il décide d'enregistrer Hurricane, du nom du boxeur, avec Jacques Lévy à la plume. Cette chanson sera un appel à la justice, contre la justice américaine, raciste, univoque, avec des phrases choc sur la couleur de peau et sur les uns et les autres. Dylan est un justicier qui n'avance pas masqué. ...


Mais une personne est très incommodée par cette chanson. C'est un des témoins, elle s'appelle Patty Valentine. Elle n'apprécie pas du tout de figurer dans les paroles. Elle, Patty, vit au-dessus du bar. Elle a vu les corps, elle a appelé les flics, elle a témoigné au procès. Et Dylan raconte ça dans sa chanson. Alors Patty l'attaque pour diffamation et pour atteinte à la vie privée.
Les juges prennent le temps. Ils lisent les paroles, ligne par ligne, ils cherchent l'intention. Est-ce que Dylan accuse Patty Valentine de mentir ? Est-ce qu'il l'associe à une conspiration ? Eh bien non. Il y a trois strophes, quatre mentions, mais aucune accusation directe. Juste des faits basés sur le dossier. Ce qu'elle a vu, ce qu'elle a dit, ce qu'elle a fait.

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Le verdict ? Patty Valentine est déboutée. Pas de diffamation, pas d'invasion dans sa vie privée. Et l'utilisation de son nom n'a rien de commercial. Dylan n'a pas vendu des mugs, inscrit Patty Valentine, allons. Il a juste chanté son témoignage. C'est ce qu'on appelle l'intérêt général. Et pendant ce temps-là, Carter, lui, se bat. Grâce à Dylan, il a obtenu un nouveau procès. Un appel. Mais il est condamné encore. Jusqu'au moment, le 7 novembre 1985, où un juge le libère. Ce juge s'appelle Sarokin. Il a écouté la chanson de Dylan. Il a été inspiré par Dylan. Et il dit que l'accusation de Carter était fondée sur le racisme plutôt que sur la raison, la dissimulation plutôt que sur la transparence. Voilà, Dylan a gagné, l'État abandonne les poursuites, et en 1988, Carter est définitivement libre. Justice est rendue, Dylan a gagné, l'Amérique, pour une fois, a reconnu cet homme.

Alors vous pensiez tout connaître de cette histoire ? Oui peut-être, jusqu'en 2019, où deux journalistes anglais, après avoir exhumé des dizaines et des dizaines d'heures d'enregistrement de Carter lui-même, laissent entendre que celui-ci aurait avoué avoir été l'un des meurtriers du triple meurtre de Patterson New Jersey. Alors c'est la nouvelle histoire d'Hurricane Carter. Doit-on oublier la précédente, celle de Dylan ? Faut-il réécrire l'histoire, la chanson ? Non. Pourquoi non ? Parce que Euriken, c'est un cri, un manifeste, une prise de position. Ce n'est pas un procès, c'est une plaidoirie. 

Et même si cette histoire restera floue à tout jamais, la chanson de Dylan, elle, est limpide. Un hymne de combat, une ode à la justice, telle est la loi du rock.

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