Kurt Cobain : un album solo à réserver aux ultra-fans de Nirvana

Avec Nirvana, Kurt Cobain a imprimé une marque durable sur la musique. L'aura du groupe est aussi grande que sa période d'activité aura été brève - de 1987 à 1994, avec 3 albums studio. À ce titre, il est facile de comprendre pourquoi un album solo de Kurt Cobain, la tête pensante du groupe, pouvait constituer une sorte de Graal pour les fans. Ce disque intitulé Montage of Heck : The Home Recordings souffre toutefois d'un problème de taille.

Les chansons proviennent de cassettes personnelles de l'artiste. La qualité sonore s'en ressent. Les bandes n'étaient pas destinées à être diffusées. Ce qui explique aussi le caractère brouillon de l'ensemble. Le matériel récupéré alimente un documentaire sur Kurt Cobain, Montage of Heck. 

Au cœur de l'intimité du chanteur

Montage of Heck : The Home Recordings, comporte - en fonction de la version classique ou deluxe - 33 minutes ou plus d'une heure au cœur de l'intimité du chanteur. Cobain y est toujours seul, accompagné de sa guitare, qu'elle soit acoustique ou électrique. On y trouve, pêle-mêle, des démos de chansons de Nirvana - Been a Son, Clean Up Before She Comes, des embryons de titres - Desire, And I Love Her - et des expérimentations à la limite du gênant - The Yodel Song, Reverb Experiment.

L'intérêt de ces titres est d'exposer à l'auditeur le processus de composition chaotique de Kurt Cobain, fait d'hésitations, de grognements d'outre-tombe, de délires éphémères et, évidemment, d'éclairs de génie. Si le tout est difficilement écoutable "pour le plaisir", notamment à cause de la mauvaise qualité des enregistrements, quelques chansons sortent du lot et se révèlent assez poignantes. On se prend à imaginer à quel point sa reprise des Beatles, And I Love Her, serait devenue culte si elle avait été enregistrée proprement. Malgré tout, ces chansons, captées par Cobain sans arrière-pensées, en deviennent presque dérangeantes. Comme si le fantôme du chanteur revenait hanter l'auditeur.

Un album solo qui n'en est pas un

En définitive, le disque est à réserver aux ultra-fans de Nirvana, à l’affût du moindre son de Kurt Cobain. Et encore. Le documentaire Montage of Heck, dont sont tirés ces nouveaux enregistrements, est un meilleur moyen de comprendre l'artiste. L'album est en définitive plus proche d'un complément du documentaire que d'un véritable album solo. C'est d'ailleurs l'argument avancé par le réalisateur à la sortie de l'album, arguant d'une "qualité cinématographique".

Il reste tout de même permis de s'interroger sur l'intérêt véritable du disque, Nirvana ayant déjà fait l'objet de nombreuses rééditions. Le groupe a même eu le droit à un coffret anthologique en 2004, With the Lights Out, qui comportait son lot de raretés et de démos. À la lumière de ces précédentes sorties, Montage of Heck : The Home Recordings apparaît comme un disque qui n'en est pas un, plus proche de l'objet d'étude et de curiosité qui permet seulement de toucher du petit doigt le génie de Kurt Cobain.