Drôle et cruel, émouvant et déroutant. Phantom of the Paradise, sorti en 1974, est une pépite du cinéma américain. Réalisé par Brian de Palma, le film est sorti un an avant The Rocky Horror Picture Show, un opéra-rock horrifique réalisé par Jim Sherman. Quatre décennies après, les deux films sont devenus des références du genre, que Benjamin, de Lilly Wood and the Prick, avoue revoir avec un grand plaisir. Mais au fait, qu'est-ce qui rend Phantom of the Paradise aussi inoubliable ?
Avant d'être mondialement connu pour ses films Scarface et Les Incorruptibles, Brian De Palma a d'abord été l'une des figures du cinéma indépendants new-yorkais. Sa carrière a débuté avec des films expérimentaux et des court-métrages baignés de culture alternative. C'est seulement en 1972, huit ans après ses débuts cinématographiques, qu'il se lance à corps perdu dans le cinéma hollywoodien. Il réalise alors la comédie Get to Know Your Rabbit, mais rien ne se passe comme il l'avait prévu : la Warner remonte l'ensemble du film dans son dos, à tel point qu'il ne découvrira le montage final qu'en salles, comme un simple spectateur.
Avec le sentiment d'avoir été dépossédé de son oeuvre, Brian De Palma ne s'avoue pas vaincu pour autant. Il tire de cette mauvaise expérience un film : Phantom of the Paradise. Un ovni cinématographique et musical, qui est donc également une critique de la férocité de la machine hollywoodienne.
Baroque dans son esthétique, gothique dans sa mise en scène, Phantom of the Paradise est un condensé de références littéraires. À Faust, déjà : Winslow, un jeune compositeur naïf éperdument amoureux d'une demoiselle, signe un pacte avec Swan, le maléfique et lubrique directrice du label musical Death Records. Lequel lui vole aussitôt sa musique et sa compagne puis le défigure, l'obligeant à porter un masque pour dissimuler son visage... Question de l'apparence, thématique du double : un rappel du Fantôme de l'Opéra également, le roman de Gaston Leroux adapté par la suite en comédie musicale, et du Portrait de Dorian Gray, le roman d'Oscar Wilde sur la beauté et la jeunesse éternelle.
Derrière les mélodies de cet étonnant musical, une vedette aussi discrète que talentueuse : Paul Williams. Auteur, compositeur et interprète, il a écrit pour David Bowie, The Carpenters et Barbara Streisand. Avec une étonnante virtuosité, Paul Williams manie différents styles musicaux pour le film de De Palma. Pop, glam rock et même les débuts du heavy metal et du disco, Phantom of the Paradise est un cocktail de voix exceptionnelles, de riffs entêtants et de mélodies émouvantes. Plusieurs titres sont depuis devenus cultes, comme Goodbye, Eddy, Goodbye des Juicy Fruits ou Old Souls, interprété par Jessica Harper.
Paul William ne s'est pas contenté d'écrire la musique de ce superbe opéra-rock, il y interprète également Swan, le machiavélique producteur prêt à tout pour mettre la main sur une pépite musicale. C'est Brian de Palma qui l'incite à passer devant la caméra, car William est selon lui un excellent comédien. Il estime également que son allure physique "étrange" et son "humour noir" sont en phase avec le personnage.
Les années 1970, c'est aussi la période du glam rock. Entre perruques, strass et plumes, toutes les extravagances sont de mise. Elles participent à la grandiloquence des scènes : les tenues sont exubérantes et marquantes, comme les sentiments des personnages.
Phantom of the Paradise est aussi flamboyant dans sa réalisation : travellings circulaires et caméra hyperactive, personnages qui s'adressent directement à la caméra, fondus avec effets spéciaux, accélérés... Brian De Palma n'a pas l'intention d'épargner son spectateur dans cet ovni étincelant de mille feux. Un bouillon de culture des années 1970 à consommer sans modération.
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