La coïncidence est assez rare pour être soulignée. Il y a 50 ans jour pour jour (même s'il existe différentes théories sur la date de sortie "réelle" du second) sortaient deux albums pop-rock devenus cultes : Pet Sounds, du groupe californien The Beach Boys, et Blonde on Blonde, de Bob Dylan. Chacun a leur manière, ces disques sont devenus des références. S'ils ont marqué la carrière de leurs géniteurs respectifs, cela n'a été qu'à rebours.
Avec Pet Sounds, Brian Wilson, tête pensante des Beach Boys, a voulu montrer qu'ils pouvaient être autre chose que des stéréotypes de surfeurs méchés et dragueurs. Au grand dame de leur maison de disque, affolée par l'échec commercial du disque. Il lui faudra l'épreuve du temps pour devenir culte. De son côté, Bob Dylan a voulu, à travers Blonde on Blonde, écrire de manière plus frontale, et joindre un peu plus l'électricité à l'univers normalement acoustique de la musique folk.
Les années 60 sont celles d'un changement politique et social profond pour les États-Unis. Le combat pour les droits civiques de la communauté afro-américaine est mené tambour battant dans les rues, les étudiants se révoltent contre un pouvoir institutionnel archaïque et la guerre du Vietnam, tandis que les femmes réclament plus d'égalité à tous les niveaux de la société. Du côté des transistors, l'industrie musicale veut encore apporter de l'insouciance à la jeunesse, et le surf-pop est alors en plein essor. The Beach Boys sont l'un des groupes majeurs de ce genre musical qui préfigure les popstars et autres groupes à midinettes. Proprets sur eux, ses 6 membres chantonnent des hymnes sentant bon le sable chaud. Mais pour le génie qu'est Brian Wilson, le carcan devient étouffant.
Pour Pet Sounds, 11e album du groupe, Brian Wilson s'enferme dans un studio de Los Angeles, et compose seul. Il tente de retranscrire, tant bien que mal, les mélodies qu'il "entend" dans sa tête. L'homme souffrait d'hallucinations auditives et visuelles. Le leader des Beach Boys s'épuise à la tâche, et laisse son imagination déborder. Il a l'idée de mêler cordes, percussions, instruments à vent, guitare et... bruits d'animaux. D'où le nom, Pet Sounds. Après avoir péniblement convaincu ses compères, ils enregistrent le disque, qui ne rencontre pas son public.
The Beach Boys sont trop en avance sur leur temps, touchant du doigt les prémices du rock psychédélique, un an avant le Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club des Beatles. Baroque, grandiloquent et décalé, Pet Sounds finira par être apprécié à sa juste valeur. Ses titres God Only Knows et Wouldn't It Be Nice sont d'ailleurs devenus les titres les plus emblématiques du groupe.
De l'autre côté des États-Unis, Bob Dylan a rapidement voulu mener une révolution musicale, faisant fi des conventions commerciales. En 1965, Robert Zimmerman, de son vrai nom, crée le scandale en jouant pour la première fois de sa carrière avec un groupe doté d'une guitare électrique, au Newport Folk Festival. Un crime de lèse-majesté lorsqu'on défend une musique folk censée être acoustique. Loin d'être impressionné, et aidé par le succès commercial du single Like A Rolling Stone, Bob Dylan poursuit cette nouvelle ligne mélodique dans l'album qui le contient, Highway 61 Revisited.
Le disque Blonde On Blonde conclut la trilogie débutée avec Bringing It All Back Home. Bob Dylan sort alors le premier double disque de l'histoire du rock. Le New-Yorkais fait appel à des musiciens de studio basés à Nashville, et laisse parler sa plume acérée. Son but ? Que musique et paroles ne fassent qu'un. "J'entends très bien le message que je veux faire passer", répète le chanteur. Pour lui, les deux sont indissociables.
Bob Dylan prend l'auditeur de court en démarrant l'album par Rainy Day Women #12 & 35, sur un air d'orchestre de parade. Il signe aussi le titre I Want You, dans lequel il mélange les protagonistes. De quoi pousser jusqu'à l'extrême l'une des caractéristiques de la musique folk, racontant les histoires du peuple, pour le peuple. Bob Dylan n'est pas tendre envers les femmes, et notamment, ses anciennes amantes, sur Blonde on Blonde. Dans Just Like a Woman, il évoque leurs "vices" et leur vulnérabilité. Le morceau sera taxé de misogyne par de nombreux critiques, ce qui n'empêche pas le disque de se placer dans les top 10 américains et britanniques.
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