Gaëtan et Amaël sont fringants. Le premier se cache, comme d'habitude, derrière de larges lunettes de soleil rectangulaires. Les deux frères formant Pony Pony Run Run partagent la même chemise colorée, où figurent des carpes koï. Un clin d'œil au Japon, où ils doivent le lendemain, pour un tournage express du clip en 360 degrés de Alright. Il s'agit du premier single issu de Voyage Voyage, leur troisième album, sorti début mars. Ils ont d'ailleurs "sillonné l'Asie" avant d'écrire ce nouveau disque, à l'électro-pop enjouée et savamment vintage.
Pas facile de rebondir après leur 2e album, éponyme et sorti en 2011, qui n'avait pas eu un impact aussi fort que le premier, You Need Pony Pony Run Run, qui avait rythmé l'année 2009 avec le tube Hey You. Amaël et Gaëtan regrettent d'avoir écrit leur 2e album en 3 mois, "entre 2 tournées" : "Il y avait un peu trop un sentiment d’urgence, on ne voulait pas refaire ça", explique Amaël à RTL2.fr.
Seuls membres restants de Pony Pony Run Run, Gaëtan et Amaël ont donc préféré ne pas se précipiter, s'accordant deux ans de pause. "On a pris du temps pour nous, pour nos amis et nos proches. Faire de la musique juste pour le plaisir, résume le premier. C’est important de garder l’envie et de ne pas être dans l’exécution redondante des choses."
Pourtant, Amaël et Gaëtan ne rejettent pas la chanson qui a fait leur succès, Hey You, écoulé à plus de 100.000 exemplaires. "Notre quotidien est resté le même, jure le second. On s’est toujours effacé derrière la musique. C’est elle qui prime, à part sur scène. Notre volonté, c’était de vivre normalement. Ces chiffres d’écoute ou de ventes sont hyper virtuels parce qu’on a fait chaque chanson de la même manière."
Pour des frères, on s’entend plutôt bien, ce qui est apparemment assez rare
Pony Pony Run Run
Les deux frères peuvent aussi compter sur leur complicité, intacte après plus de 10 ans de carrière côte à côte : "On a souvent bossé ensemble, et pas que dans la musique, mais aussi dans les arts plastiques, rappelle Gaëtan. Pour des frères, on s’entend plutôt bien, ce qui est apparemment assez rare. Après on a chacun notre caractère, nos spécificités, et on tranche assez rapidement, tout en ayant vite fait d'être en contradiction."
"C'est la première fois de notre vie qu’il n’y avait aucun stress, même sur le live, poursuit le chanteur. Souvent tu as des tensions parce que tu te mets des enjeux, là on n’avait que envie de se marrer, de se faire plaisir, d’expérimenter. Des morceaux ont été enregistrés en 2-3 prises non-éditées. Le live, c’est pareil, c’est une bande de potes. Ce qui est marrant, c’est que le modèle familial, on l’a transposé à toute l’équipe. On a vraiment de la chance."
Les frères Réchin Lê Ky-Huong confient avoir composé dix versions pour chacun des morceaux présents sur le disque, et 80 titres en tout. "Le résultat est éloigné de ce qu’on imaginait à la base. On est toujours étonné par ce qu’il se passe. Il y a des nouveautés ou des accidents heureux", résume Amaël, qui assure la basse. "Il y a une énorme variété de sons dans cet album, et je pense que c’était ça le maître-mot : se faire plaisir et laisser libre-cours à notre créativité, sans se mettre de barrière", se félicite Gaëtan.
Ils auraient pu se perdre en chemin. Heureusement, Voyage Voyage, dont le titre est en partie une référence amusée au tube éponyme de Jeanne Mas, est un disque linéaire, portant une certaine idée de progression. "On est peut-être un peu old school mais on est attaché à cette logique d’album, défend Gaëtan. C’est comme un bouquin, tu ne lis pas que la page centrale, ça n’a pas trop de sens. On voulait vraiment construire quelque chose de A à Z, dans la musique et le graphisme de la pochette."
Gaëtan, le plus bavard des deux, a écrit les chansons lors d'un grand tour du monde, démarré en 2013. Il a transporté ses idées dans sa valise, composant partout où il allait : fjords, îles aux Caraïbes et "même" dans les avions. Alright a par exemple été composée au Groenland, avant de passer par les Baléares, puis Londres et Paris.
"Après une vie urbaine à 100%, j’avais envie de voir ce qu’il se passait ailleurs. Certains morceaux ont été faits entre deux plongées. C’était un voyage aventurier, pas luxueux", affirme le chanteur aux boucles un peu folles. "Le voyage d'avant inspirait le morceau d'après. Quand j’étais à Tokyo, je faisais un morceau type berlinois. Quand j’étais au Groenland, je faisais un morceau type japonais", se souvient le baroudeur.
De morceaux assemblés sur ordinateur, Voyage Voyage a pris une autre ampleur en studio. Certains titres sont assez fournis, comme Dum Dum et ses cloches, ou les synthés façon jeu viéo de Victoria. À 4 sur scène, Pony Pony Run Run a pour objectif d'avoir le moins possible recours à des samples programmés.
"On est attaché à la musique jouée. C’est vraiment important pour nous parce qu’on a commencé comme ça, à 5, et on n’est plus que 2, explique Gaëtan. Il y a la notion de danse qu’on essaie toujours d’amener, et de convoquer quand on peut, même s’il y a des morceaux qui s’y prêtent moins. On a toujours envie qu’il y ait ce côté physique." Amaël va jusqu'à invoquer la recherche d'une "certaine transe".
Le but de ce projet, c’était de faire de la musique, vivre et voyager. C’est ce qu’on a fait
Pony Pony Run Run
La route a toujours été dans l'ADN de Pony Pony Run Run, qui a commencé par jouer à travers l'Europe. "La thématique du voyage est là depuis le début de notre projet. Avant de faire le premier album avec Hey You, on a fait 3-4 ans de tournée en Europe par nos propres moyens, rappelle Gaëtan. On partait, on dormait chez les gens, on nous donnait de l’argent pour mettre du gazole dans le camion. Le but de ce projet, c’était de faire de la musique, vivre et voyager. Et c’est ce qu’on a fait." Le duo sera sur les routes à partir de fin avril, avec un passage par la Cigale le 17 mai.
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