Le 2 mars 1991, Serge Gainsbourg nous quittait en pleine période de gloire. La gitane au bec, la chemise en chambray légèrement ouverte sur son grigri, une chaînette d'or, le col relevé, la veste à rayures, les Zizi blanches portées pied nus et les lunettes noires. Lucien Ginsburg, Gainsbourg ou encore Gainsbarre, semble pouvoir porter n'importe quoi, et ça lui tombe comme un gant.
La carrière de l'homme à la tête de chou tourne autour de trois variables : la musique, les femmes et le style. Toutes nourriront son aura d'artiste culte. Gainsbourg connaît pourtant des débuts difficiles, en raison de son physique. Pour surmonter ce sentiment de rejet, il se créera une image de poète maudit, provocateur et sensuel. L'homme qui a connu des difficultés à ses débuts à cause de son physique qualifié de "laid" bouleversera à la fois le visage de la variété française et celui de la mode.
Avant de prendre des cours de guitare et de se lancer dans la musique, Lucien Ginsburg, de son nom de naissance, connu à l'époque sous le pseudonyme Julien Grix, souhaite devenir artiste peintre. Tiré à quatre épingles dans un costume complet et cravate nouée, chemise bien boutonnée jusqu'au haut, il a l'allure d'un jeune homme strict. Entre 1950 et 1960, il symbolise l'élégance à la française, ce qu'il doit notamment à Boris Vian qui l'a beaucoup influencé.
En 1968, il rencontre Jane Birkin, qui lui dégote des Repetto à lacets : les fameuses Zizi blanches, chausson de jazz au cuir doux, qu'il enfile pieds nus. "Serge cherchait des gants pour ses pieds car il avait horreur de marcher" confiera-t-elle. Il en consommera jusqu'à trente paires par an. "Repetto à perpet'" se plaira à dire la "vieille canaille". Doublé d'un costume complet rayé, c'est le style par excellence du Gainsbourg des années 1970, qui ne sied qu'à lui-même.
Le dandysme est un comportement au bord du suicide
Serge Gainsbourg
En 1985, Serge Gainsbourg chante sa Marseillaise reggae lors de son mythique concert au Casino de Paris vêtu d'une chemise en jean ouverte sur son torse : Gainsbarre est né. Cette chemise, Levi's ou Lee Cooper, il la portera presque quotidiennement jusqu'à la fin de sa vie. C'est sa marque de fabrique, avec son jean bleu ciel, parfois troué, son nuage de fumée, son insolence et son intransigeance. Ses cheveux en bataille, comme si Elisa était venue lui "chercher des poux", sa monotonie vestimentaire, son visage pas rasé, et pas seulement quand il "rapplique chez elle", et sa provocation qui le suivent comme ses plus fidèles compagnons, tout, chez ce poète nonchalant faussement malpropre, est cultivé.
"Le dandysme est un comportement au bord du suicide. C'est le choix d'une attitude, un jeu constant pour échapper à la réalité", disait Gainsbourg. Ce style qui lui donne un air faussement détaché est travaillé avec la précision d'un métronome. Rester élégant après une petite centaine de cigarettes, ça se travaille. L'artiste n'aimait que les belles choses, et restait dans la même gamme, même couleur, même costume. Ce dandy destroy n'est finalement pas un dandy comme les autres, il est l'anti-dandy.
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