Il est 21h30 précises lorsque Héloïse Letissier prend place sous la nef de la superbe salle de concert du théâtre d’Arras. Elle devient alors Christine, entourée de ses Queens : ses deux danseurs fétiches. Ils l’accompagnent sur plusieurs titres avec des chorégraphies finement travaillées, qui amplifient leur dimension poétique. Christine vient du théâtre, et n’entend pas renoncer à une certaine forme de scénarisation. Un port de reine. Christine and The Queens débute son set par “ Half Ladies ” , joli titre sur le manque de confiance en soi. “J’ai l’habitude de dire qu’ici, tu peux être ce que tu veux”, rappelle la Nantaise de 26 ans au public, debout dès les premières notes du morceau. Bienvenue au royaume de Christine, où chacun a sa place. Ses avant-bras arborent d’ailleurs le tatouage “We welcome you/As you are” : “Nous vous accueillons/Tels que vous êtes.”. Mais elle ne se prend pas au sérieux. Évoquant Beyonce avant d’entamer “The Loving Cup” , elle détourne son fameux “Flawless” , en disant : “I woke up like this (“Je me suis réveillée ainsi”, ndlr) : petite et myope”, tandis que son duo de danseurs se libère à ses côtés. Quand elle est sur scène, Christine en impose. Du respect, bien sûr, mais aussi de la prestance, avec son smoking noir et ses derbies brillantes. “T’es belle Christine !”, crie une spectatrice. Galvanisée par son personnage scénique et l’accueil reçu, l’artiste enchaîne les morceaux sans accroc. Elle est tout aussi convaincante quand elle danse avec des gestes saccadés à la Michael Jackson ou avec des tics étranges pour “ Ugly Pretty ”, “ Christine ” et “ Narcissus Is Back ”, que lorsqu’elle chante les yeux fermés sa reprise de “ Paradis Perdus ” de Chrsitophe, immergée dans une lumière bleutée. Une proximité singulière avec le public. Christine déroute, séduit, émeut tour à tour. Elle est dans son monde, mais n’en oublie pas pour autant les spectateurs : “Quand je me vois dans vos yeux, j’ai l’impression d’être géniale”, dit-elle après une petite standing-ovation à la fin de “ Here ”. Elle ne croit pas si bien dire, puisque quelqu’un lui rétorque : “Tu as plein d’amis Christine !” Dans une interview à paraître prochainement sur RTL2.fr, elle nous confie que ces déclarations d’amour spontanées peuvent lui mettre les larmes aux yeux : “Et je ne fais pas semblant !”, s’empresse-t-elle de préciser. Sans peur, avec un naturel évident, la chanteuse va à la rencontre du public. Entre “Paradis Perdus ” et “ Christine ”, elle fait le tour de la petite fosse pour recueillir des prénoms, et les chanter. Elle y retourne plusieurs fois, saisit des mains au passage, n’évite pas les regards mais les recherche, bien au contraire. Quand elle s'adresse à la salle, elle la tutoie, comme si elle visait chaque personne, et que le public était une bande d'amis. “Ce soir, on est tous des rock stars”, affirme-t-elle après avoir fait chanter les spectateurs sur “ Nuit 17 à 52 ”, son premier tube. Avec ce Concert Très Très Privé, Christine & The Queens a conquis le coeur d’Arras, pour mieux le soulever. La set-list complète : 1) Half Ladies 2) It 3) Science Fiction 4) Paradis Perdus 5) Christine 6) Narcissus Is Back 7) Ugly Pretty 8) Saint Claude 9) Loving Cup 10) Here 11) Nuit 17 à 52 12) Chaleur Humaine Morgane Giuliani.