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Tom Odell : "On perd un peu d'innocence à mesure qu'on progresse"

RENCONTRE - Tom Odell s'est confié sur la genèse de son deuxième album flamboyant, "Wrong Crowd", dans le salon chinois des Bains, à Paris.

Tom Odell sur la scène des Bains à Paris à l'occasion de la première Columbia Session
Crédit : Frédéric Bukajlo/SIPA Press pour RTL2

Pour Tom Odell, la musique est un sujet sérieux. Le chanteur et musicien demande à ce que le silence se fasse, et même, que la salle se vide, lorsqu'il débute ses répétitions pour sa participation à la première Columbia Session de RTL2, qui a eu lieu aux mythiques Bains de Paris, le 15 juin. Le grand Britannique à la chevelure blonde nous rejoint ensuite dans le mystérieux salon chinois de l'hôtel.

L'ambiance est feutrée : canapés bas en cuir épais, table basse jonchée de boissons, collection d'ossements et vitraux à l'effigie d'estampes chinoises. Parfaite pour que l'artiste de 25 ans raconte la genèse de Wrong Crowd, son deuxième album. Sorti début juin, il en a déjà extrait 2 tubes : un morceau éponyme, et Magnetised. Des balades amoureuses déchirantes, qu'il était venu défendre lors d'une Session Très Très Privée

Un album à trame

En avril, Tom Odell est revenu avec le titre Wrong Crowd. Sur fond de piano, qui reste son instrument de prédilection, il chante les errances d'un homme perdu dans des mauvaises fréquentations, s'éloignant de l'essentiel. 

"Cette chanson est inspirée par l'idée de quelqu'un qui est très proche de vous, et il vous regarde faire quelque chose que vous ne devriez pas faire, comme fréquenter des gens toxiques, ceux qui ne sont pas vos amis. Mais vous ne pouvez pas vous en empêcher. Et cette personne proche vous regarde faire et est déçue. Le lien est brisé." La musique du morceau a été écrite en une "dizaine de minutes", révèle Tom Odell à RTL2.fr

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Wrong Crowd ouvre l'album, mais aussi, la trame que le chanteur a imaginée. "C'est une histoire qui commence avec Wrong Crowd, où le personnage fait n'importe quoi de sa vie, et s'autodétruit. Dans Magnetised, je prends conscience que je suis en train de tout gâcher. C'est presque comme un reflet, ça va dans les deux sens : je ne peux pas l'avoir et elle ne peut pas m'avoir. Dans Concrete, il a cette vie sans intérêt mais tout ce qu'il veut, c'est retrouver son innocence. C'est ce qui pourrait arriver dans Constellations, mais il n'y parvient pas vraiment."

Chanter l'amour non réciproque

Au coeur de l'intrigue, on trouve le rejet amoureux, et l'incompréhension mutuelle au sein d'un couple. Cette tension atteint son paroxysme dans Magnetised. Tom Odell dit à son amante maudite : "J'aimerais que tu aies un peu plus de phéromones pour moi", parlant des hormones de l'attraction physique. 

"Ça m'est déjà arrivé, révèle le chanteur à RTL2.frJe pense que c'est l'un des pires sentiments à avoir, quand on aime vraiment quelqu'un et que cette personne n'est pas intéressée. Ça arrive souvent, et à beaucoup de gens. En partie, ce sentiment est vraiment ce qui m'a inspiré à une époque de ma vie, quand j'avais 15 ans. Je traversais ce genre de période, et je n'arrivais pas à gérer cet amour non-voulu."

Les clips de Wrong Crowd et Magnetised forment une seule histoire. Tom Odell y apparaît au fond du trou et exécrable. Il s'y morfond dans sa luxueuse chambre d'hôtel, et fait la fête pour oublier qu'il a été rejeté par son amante. "Il est crâneur et c'était important, explique le chanteur à propos du personnage qu'il joue. J'ai voulu montrer à quel point ce mec est monté de toutes pièces. Il avait tout ce dont il avait besoin : les amis, les fêtes, la chambre d'hôtel, la voiture, le costume, il était suave. Il était important qu'il possède tous les éléments censés définir le succès alors qu'en fait, il est complètement déprimé. Quand il danse à la fin, c'est une tentative désespérer d'atteindre le bonheur. C'est un addict." Tom Odell est principalement à l'origine de la trame des deux vidéos, en collaboration avec le réalisateur George Belfield. 

Un disque excessif

"Rien n'est subtile à propos de cet album, affirme Tom Odell. C'est comme de grands coups de pinceaux." Wrong Crowd est en effet un disque ambitieux, qui cherche à tout prix à provoquer l'émotion et fouille dans les sentiments sans ménagement. Dans Jealousy, par exemple, Tom Odell s'excuse de ne pas avoir su aimer, aveuglé par un manque de confiance en lui qui le rendait jaloux. "Aujourd'hui, il y a ce désir de l'excès, de l'ultra-stimulation, de l'argent, analyse le chanteur. À la fin (du clip de Magnetised, ndlr), cette avidité est destructrice envers ce qui est réel. Il termine sur la plage parce qu'il essaie de retrouver son innocence. La fille pourrait même ne pas être réelle."

Les gens vous admirent pour votre musique, mais pas pour vous-mêmes

Tom Odell

Dans le titre Entertainment, Tom Odell ironise sur son statut d'artiste. "Je ne suis qu'un divertissement", dit-il avec aigreur. La fatigue du succès ? "Dans cette chanson, l'industrie de la musique est surtout utilisée comme une métaphore. C'est l'idée d'être utilisé, que c'est juste une transaction, résume Tom Odell à RTL2.fr. Dans ce travail, on reçoit beaucoup d'adoration de la part des gens. Si vous êtes un peu crédule ou innocent, vous pensez qu'ils vous aiment vraiment mais en fait c'est votre musique qu'ils admirent, pas vous. Ça parle de ce côté obscur. Cette chanson est tirée de mon expérience mais elle reste assez moqueuse."

La sortie de Wrong Crowd a été "un vrai soulagement" pour Tom Odell. Le succès phénoménal de son premier album, Long Way Down, vendu à plus d'un million d'exemplaires et poussé par le tube Another Love, aurait pu le paralyser. Cela n'a pas été le cas. "Ça a été beaucoup plus facile d'écrire une fois le premier album est sorti, assure celui qui aime imaginer ses chansons au piano. On devient à la fois plus et moins doué, c'est bizarre. On s'améliore à chaque concert et à chaque chanson écrite. Mais en même temps, on perd un peu d'innocence à mesure qu'on progresse."

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