Sans eux, pas d’album. Dans les studios, derrière la console de mixage, les producteurs dictent la direction musicale que doit prendre un disque. Parfois aux côtés du musicien qui leur a fait appel. Parfois aux côtés du chanteur que la maison de disques a imposé. Au-delà de ces indispensables chefs d'orchestre modernes, il existe encore une autre catégorie : celle des super producteurs. À l’image des showrunners de la télévision, leur parole est d’évangile et leur influence considérable sur la musique des dernières décennies.
Le rédacteur en chef d'un jour de RTL2.fr, Mat Bastard, reconnaît sans peine le talent des musiciens anglo-saxons, capables de mêler avec génie les genres musicaux. “Prenez Rick Rubin, producteur des Beastie Boys, de Slayer, de Gossip...sa prochaine production c’est Justin Bieber ! En France, on nous aurait dit : “Non mais attends Justin Bieber?!””. Il est vrai qu’avec ses multiples Grammys, le producer à la barbe “ZZ top-esque” est l’un des super producteurs que le monde s’arrache. Au cours d’une carrière longue de quatre décennies, Rick Rubin s’est imposé comme l’une des figures les plus puissantes de l’industrie musicale.
Un génie de la production qui peut aussi bien collaborer avec Adele, LL Cool J, Black Sabath, Shakira ou Kanye West. Véritable pionnier, il fut également l’artisan de Walk This Way, premier tube qui alliait le rap (Run DMC) et le rock (Aerosmith) en 1994. C’est au fondateur du label Def Jam que l’on doit aussi la renaissance de Johnny Cash dans les années 90 avec l’album American Recordings. En se diversifiant dans ses productions, Rubin s'est construit un CV d’un éclectisme sans égal dans le milieu de la musique en encourageant les artistes à sortir de leur zone de confort pour créer quelque chose d’unique. En ce sens, la reprise légendaire de Hurt de Nine Inch Nails par Johnny Cash constitue l’une de ses plus grandes réussites.
Dans l'industrie, le terme de producteur peut recouvrir diverses réalités. Certains producteurs peuvent être musiciens, ou simples ingénieurs du son. D'autres n'hésitent pas à afficher leur faible connaissances techniques, comme Rick Rubin. Car son rôle est celui d'un mentor. Celui qui écoute et prodigue ses conseils en conséquence. Il n'est pas derrière la console, mais choisit les ingénieurs pour travailler avec lui sur chaque projet. La concentration, l'intention, la motivation et le talent de l'artiste comptent davantage à ses yeux. Il guide alors les musiciens en fonction des chansons qui lui sont confiées. "J'essaie d'obtenir de l'artiste le sentiment qu'il écrit des chansons pour le temps plutôt que pour un album", confiait le producteur au New York Times en 2007. "Qu'il s'agisse de produire ou de signer un artiste, il faut toujours commencer avec les chansons. Lorsque j'écoute, je recherche un équilibre (...) qu'on pourrait voir partout comme dans un tableau ou un coucher de soleil. Un élément humain qui rend une chanson géniale et immédiatement satisfaisante. J'aime qu'une chanson puisse créer une ambiance."
Dans la scène rock actuelle, plusieurs chanteurs se sont essayés à la production. Peu sont ceux capables d'échanger avec talent leur casquette avec celle de producteur. Encore moins, de brasser autant d’influences et de genres musicaux dans leur travail. Damon Albarn, si. De la pop rock de Blur au hip-hop de Gorillaz, en passant par la musique africaine présente sur son premier album solo (Everyday Robots, paru en 2014), le musicien britannique est un maître du genre. Produisant aussi bien pour Amadou et Mariam que pour le regretté soulman Bobby Womack, Damon Albarn jongle avec finesse et génie entre les musiques du monde. “Chez Damon Albarn le crossover est quelque peu différent. Avec lui, chaque projet porte une histoire mais si la démarche est différente, elle est toute aussi intéressante.”
Parmi la jeune génération, Pharrell Williams semble à la fois marcher dans les pas de Rubin et de Albarn. Au sein des Neptunes ou en solo, l’artiste au chapeau camel a multiplié les expérimentations. Privilégiant le rap et le hip-hop à ses débuts (Mariah Carey, Usher, Jay Z, Snoop Dog,...) il n’a pas hésité à s’aventurer du côté de la pop (Ed Sheeran, Kylie Minogue), de la musique électronique (Air) et du cinéma (Hans Zimmer). Tout en menant une carrière solo au succès que l’on connait, il peut se féliciter d’avoir opéré de grands tournants de carrière. Le passage de la femme-enfant Britney Spears à l’icône sexuelle de I’m a Slave For You, c’est lui. Idem pour Miley Cyrus, avec laquelle il a collaboré sur l’album Bangerz qui sonna le glas de ses années Disney.
Ses choix sont dictés par une seule idée : la différence. Il aime s'entourer d'individus qui n'ont pas peur de la revendiquer en musique. "La plupart de mes projets, je les conduis parce qu'il y a une personne avec laquelle j'aimerais apprendre des choses", expliquait-il au site FastCompany en 2014. "Parfois, vous devez juste mettre votre orgueil de côté (...) afin de pouvoir absorber non seulement ce qu'une personne dit, mais la façon dont elle le dit, son énergie, son langage corporel ", ajoutait le chanteur de Happy.
Sans doute Pharrell a-t-il longuement observé Nile Rodgers qui l’accompagne sur l'incontournable Get Lucky de Daft Punk. Le célèbre fondateur du groupe Chic, et guitariste de renom, mérite aussi sa place parmi les super producteurs d’aujourd’hui. Avec plus de 200 projets, Nile Rodgers a surfé habilement entre funk, disco, rock et pop en collaborant avec David Bowie, Madonna, Donna Summer, Mick Jagger, Cheb Mami et bien d’autres. “Il a juste une formidable capacité à écouter, il sait exactement comment doit sonner ce qu’il veut et est un compositeur phénoménal”, a déclaré Slash, au magazine Billboard. “Quand il arrive derrière la console, il sait comment faire sonner les choses mieux que vous ne l’imaginez. Madonna et Duran Duran n’ont jamais mieux sonné qu'avec lui.”
Ancien batteur de Nirvana, l’actuel leader des Foo Fighters est plus qu'un simple producteur, lui qui a réalisé plusieurs albums de métal et de hard-rock pour les suédois de Ghost, ou encore Zac Brown Band. Aux yeux de Mat Bastard, Dave Grohl est un véritable serviteur de la musique. “C’est un artiste que je respecte énormément pour sa création et pour sa pédagogie, lorsque dans le documentaire Sonic Highways il prend le temps d’expliquer l’histoire musicale dans chaque ville américaine qu’il parcourt… On y trouve du hip-hop, de la musique symphonique, de la country, du rock”, confie Mat Bastard.
Capable de partager les riffs de guitare avec Kiss ou Motörhead, Dave Grohl peut aussi bien accueillir sur scène l’artiste jazz Trombone Shorty. “Le voir mener un solo au trombone sur un gros morceau de rock'n'roll, je trouve que c’est un crossover génial ! Dave Grohl fait partie de ces artistes qui m’ont permis de ne pas avoir peur de mélanger les genres, de respecter toutes les influences et de ne pas s’enfermer dans quelque chose de singulier mais au contraire d’être un artiste multiple”, confesse avec admiration le leader de Skip The Use.
Mat Bastard le chanteur de Skip The Use prend la main sur les contenus de RTL2.fr
Il choisit les sujets traités par la rédaction aujourd'hui, livre ses critiques, coups de cœur et coups de gueule.
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